Tante Jeanne part aux primaires

Tante Jeanne : – Tés le neveu.

Le Ficanas : – Bonjour ma tante ; comment vas-tu ?

Tante Jeanne : – Je vais, je vais, mais je suis déboussolée.

Le Ficanas : – Qu’est-ce qui t’arrive ?

Tante Jeanne : – C’est les primaires. Primaires aqui d’aïa, je ne sais plus où donner de la tête.

Le Ficanas : – Mais il n’y a que Les républicains qui organisent des primaires, pas les autres !

Tante Jeanne : – Tu es vraiment un bagadou. Tu crois ça ! Attends le plein été. Quand les gens sont en vacances et qu’ils n’écoutent plus la télé, tu crois que les politiques sont heureux ? Faut bien qu’ils trouvent quelque chose pour ne pas disparaître des journaux. Alors la meilleure cagade qu’ils peuvent inventer c’est une primaire.

Le Ficanas : – En plus c’est en novembre. Ils ont le temps…

Tante Jeanne : – Mais ils vont passer l’été à s’emboucaner, à s’esgrafigner, jusqu’à ce que nous nous en ayons une fourre pas possible. Alors toi qui as un journal, tu vas t’occuper de moi : je me présente aux primaires.

Le Ficanas : – A droite ?

Tante Jeanne : – Qu’ès aquo à droite ! Il va y en avoir à gauche, au centre, partout. Moi, ce que je veux c’est que ce soit une niçoise qui dirige les Français. Donc on fait une primaire entre nissartes. Ils ont bien eu Napoléon, un Corse ; ils n’ont jamais eu de Niçois…

Le Ficanas : – D’accord mais tu te présentes contre qui ? L’Estrosi il n’est pas candidat…

Tante Jeanne : – Ne sois pas testard comme ton père. Je vais me trouver des opposants. Tiens, Fine par exemple, la voisine, elle s’emboucane toute la journée avec son chat ; ça va la changer. Et Achilou, il est à la retraite, c’est une marida lenga pas possible ; il va être passionnant à la télé. Et Batista, pareil ; il avait même essayé d’être conseiller municipal.

Le Ficanas : – Il avait fait deux voix : celle de sa femme et celle de son fils. Lui, il avait oublié d’aller voter !

Tante Jeanne : – Mais je ne veux pas des candidats qui gagnent, je veux des candidats qui se présentent pour être battu. Comme chez Les républicains. Propi, tu ne crois pas que les douze qui se présentent croient encore qu’ils seront élus ? Ne sois pas stassi, s’ils se présentent c’est pour se faire acheter entre les deux tours au profit d’un autre.

Le Ficanas : – Acheter ?

Tante Jeanne : – Sian Béou, t’es devenu un balourdin ; je te donne mes voix et tu me donnes un poste de ministre ! Ca paye, ministre…

Le Ficanas : – D’accord, tu gagnes tes primaires à Nissa, mais c’est pas pour cela que tu pourras te présenter aux élections en 2017.

Tante Jeanne : – Une vieille, à la télé, ça paye toujours. Je vais faire la droite dure et conservatrice : retour au fer à repasser que l’on chauffe sur la cuisinière, retour à la bassinoire pour tiédir le lit, réhabilitation des lavoirs publics pour faire la lessive au savon de Marseille. Un programme écologique et conservateur : tout dans le développement durable !

Le Ficanas : – Mais ce n’est pas du développement ça, c’est du retour deux siècles en arrière !

Tante Jeanne : – Porca misèria, tu n’as pas vu qu’il n’y a que les vieux qui votent ? Moi je vais les faire pantaier, leur rappeler leur enfance.

Le Ficanas : – Et c’est ça ton programme ?

Tante Jeanne : – Oui ! « Tante Jeanne, c’est bon comme avant » ! Noun passa tempe que noun revengue*.

Le Ficanas : – Mais ça coûte de l’argent une campagne électorale.

Tante Jeanne : – On va faire comme les autres, on va ouvrir un micro parti, « les amis de tante Jeanne ». Et les gens ils vont donner des sous parce que ce sera leur seul moyen d’obtenir les appels d’offres quand je serais élue.

Le Ficanas : – Et tu crois qu’ils vont en donner ?

Tante Jeanne : – Une simèque ou un coup de barotou et ils donneront. Et puis ne me fais pas monter le Cristou ; ça fait des années que je vois faire les politiques, alors je connais la méthode. Tous les caga blea que l’on berce de promesses depuis des années, je vais leur montrer ce que c’est que la politique. Que lenga a, à Paris va !*

Cagades recueillies par Christian Gallo pour Ressources – © Le Ficanas ®

  • Le temps passé doit revenir.
  • Avec une bonne langue on va loin

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